Le vendredi 18 septembre 2020 s’ouvrait la 5e édition du Festival du Film Jeune de Lyon. Petit récap’ de quelques temps forts.
Vendredi 18 septembre : les réalisatrices mises à l’honneur
Pour la projection d’ouverture, les présidentes des jurys animation, fiction et documentaire ont vu leur film diffusé sur la péniche Fargo, quai Gailleton. Une occasion de découvrir Clean with me (after dark) de Gabrielle Stemmer, également présente lors de la rencontre professionnelle autour du documentaire le lendemain matin.
Clean with me (after dark) se déroule sur l’écran d’un ordinateur. Une session s’ouvre, et nous voici plongés dans l’univers Youtube et ses nombreuses vidéos d’ « influenceuses » ménage.. Des rires résonnent dans la salle, au regard de ces femmes qui se canalisent par le nettoyage d’un plan de travail, de leur salon, ou d’un évier. Puis, aux rires succèdent une ambiance de gêne, lorsque la réalisatrice trace les liens entre ces pratiques et le fait que ces femmes sont sujettes à la dépression, à l’anxiété, au surmenage. Le film met en exergue leurs nombreux liens : femmes de militaires, isolées géographiquement, mères au foyer. Clean with me dresse de façon poignante le portrait de femmes oubliées pour qui le ménage fait office de thérapie.
Samedi 19 septembre : premier essai pour les rencontres pros et premiers coups de cœur au cours des projections
Rencontres pros autour du documentaire
La 5e édition du FFJL s’est ouvert cette année par une rencontre professionnelle autour du documentaire. A cette occasion, ont été réunis Gabrielle Stemmer, réalisatrice du documentaire Clean with me (after dark), évoqué ici, Yves Bourgeay, coordinateur général chez Ardèche images et responsable de projet Short Film Depot, et enfin Jérôme Duc-Maugé, producteur et créateur de Cocottes Minute Production, et producteur délégué pour Parmi les Lucioles films. La rencontre a permis des échanges passionnants autour de la production de films documentaires, l’appréhension et le processus de création du court métrage de Gabrielle Stemmer, mais aussi de dévier sur des réflexions autour des plateformes et de leur impact sur le secteur audiovisuel ou encore de la « polémique » autour du long métrage Mignonnes de Maïmouna Doucourré. Plus globalement, l’évènement a réussi son pari de mise en lumière des professionnels de la région Auvergne-Rhône Alpes grâce à des interventions de qualité et animées par Pierre Triollier.
Septembre (réalisation : Aurélien Grellier-Beker) – fiction
Cette fiction entrant dans la catégorie de ce que l’on appelle les documenteurs suit Joël, un « professeur » lors d’un cours d’appréhension de la matière rire. L’apprentissage débute par la réunion de 5 élèves dans une ambiance de malaise absolu. Joël se lance alors dans un ensemble de blagues vaseuses, déconcertantes et gênantes au possible, créant alors chez le spectateur des rires profonds à la vue d’une situation aussi absurde. De fil en aiguilles, les élèves se prêtent au jeu de ce professeur complètement perché. Les personnages se dévoilent, entrant dans cette sphère de malaise et de gêne, amenant Joël à faire face à ses propres névroses et contradictions. Le récit est bien mené, le spectateur oscille entre rire profond et malaise au gré de l’évolution de cette drôle de session humoristique.
Layer upon Layer (réalisation : Alexis Braun et Floriane Michel) – documentaire
La compétition documentaire s’ouvre par la projection de Layer upon Layer, un documentaire d’Alexis Braun et de Floriane Michel autour du milieu de la danse. Les réalisateurs s’immergent dans la soirée LayeRhythm à New-York, où la danse et la musique ne font qu’un, et les danseurs ne sont pas relayés au second plan. Les artistes se renvoient la balle, créent une forme de collaboration : la musique répond à la danse, qui elle-même répond aux chants. La force du film repose en ce qu’il transcende le spectateur, qui passe de la position assise dans une salle de cinéma, écoutant les témoignages des participants et regardant le spectacle, à complètement immergé dans cette rencontre entre deux danseurs dans l’étape « Cupid » de la soirée. Grâce aux couleurs et à un cadrage au plus près des corps, nous pouvons sentir les émotions des danseurs, la musique nous envahir et presque toucher ces peaux en sueur.
La Mi-temps (réalisation : Anaïs Baseilhac) – documentaire
La première séance documentaire se poursuit avec La mi-temps, ou l’immersion d’Anaïs Baseilhac chez Lorenzo Styl’, salon de coiffure au cœur de Marseille. Le documentaire se structure autour de la vie du salon et des entretiens de deux habitués, qui reviennent sur leur rapport à la coiffure, et l’importance que celle-ci revêt pour eux. Ces moments entre hommes (puisque la clientèle est essentiellement masculine) permettent à la réalisatrice de questionner les masculinités, et d’appréhender cette relation que les clients du salon entretiennent avec leurs cheveux et ce qu’elle signifie pour eux. Le spectateur découvre ainsi deux hommes particulièrement touchants dans leur honnêteté, leur « mise à nu » notamment sur leur sensibilité et leurs émotions, bien loin des stéréotypes. Lorenzo Styl’ apparaît ainsi comme une forme de troisième lieu, où les masques tombent, chacun est accepté tel qu’il est dans l’empathie, l’humour et la bonne humeur.
Dimanche 20 septembre : toujours des coups de cœur
Jeûne d’été (réalisation : Abdenoure Ziane) – fiction
Sous la chaleur écrasante de l’été, Kader, 11 ans, accompagné de son ami Rudy, tente pour la première fois l’expérience du ramadan. Pour Kader, c’est un vrai challenge, il veut impressionner ses parents. A contrario, Rudy voit la tradition comme un jeu qu’il prend à la légère. Les deux jeunes garçons passent alors toute une journée à errer, courageux bravant la faim et la soif, tels deux cow-boys en plein Far West à affronter la chaleur écrasante et ses conséquences. Le court plonge avec humour et légèreté le spectateur dans cette tradition musulmane selon le regard des deux pré-ados et leurs efforts, à deux poids deux mesures, pour parvenir à atteindre leur objectif.
Ni demain (réalisation : Léonard Ledoux) – documentaire
Ni demain s’ouvre par le carnet coécrit par le réalisateur et par Pierre, un jeune homme autiste de 18 ans. Les mots sont écrits droit, avant de pencher avec, en majuscule, toujours les mêmes mots : « plus jamais ». Pendant deux ans, Léonard Ledoux a suivi Pierre, parfois chez lui, parfois dans le centre où il réside. Pierre est le héros de sa propre vie, il exprime ses joies, ses envies, se questionne sur la signification du « jamais », ses inquiétudes face au départ de telle ou telle personne. Le documentaire est particulièrement touchant en ce qu’il met en lumière la vie d’un jeune homme différent du commun des mortels, simplement et avec lucidité, sans tabou ni cliché.