Quels ont été les films de 2020 pour l’association LYF ?

Alors que vous vous réveillez peut-être péniblement de la dernière soirée de 2020, et que l’année nouvelle nous tend les bras, nous avons demandé aux membres de l’association LYF quels étaient les films qu’ils retiendront de ce début de décennie.

Thomas M. : Maternal de Maura Delpero
Le film nous emmène dans le quotidien d’un foyer argentin pour jeunes mères, géré par des religieuses. Deux univers en apparence contradictoires, entre absence de repères et rébellion d’un côté, dévotion et paix intérieure de l’autre. Au sein de ce microcosme qui semble voué à l’incompréhension mutuelle, Maternal offre une réflexion sur la maternité et l’amour d’autrui, qu’il soit de nature divine ou pour son prochain. L’expérience personnelle de la réalisatrice et le casting non-professionnel, mais non pas moins talentueux, le font sonner d’autant plus vrai.

Romain : Irréversible – Inversion intégrale de Gaspar Noé
J’ai beau prendre le film dans tous les sens, je reste toujours hypnotisé par ce chef d’œuvre de Gaspar Noé. Cette inversion, loin de rompre le charme du film, donne au spectateur des ressentis tout à fait différents. En partant du paradis, nous avons le temps de nous attacher au magnifique trio Dupontel-Cassel-Bellucci… Au prix d’une descente aux enfers encore plus violente, suivie d’un étrange sentiment qui ne nous quitte que bien longtemps après la fin du film. Le temps révèle tout.

Valentine D. : Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret
Si vous aimez vous plonger dans les histoires des autres, perdre le contrôle pour vous laisser porter par leurs joies et leurs peines, je vous propose de regarder Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait. Le film se déroule comme une berceuse temporelle rythmée par des interludes pianistiques, dans laquelle chacun des personnages conte ses amours passées et cherche à soigner des blessures toujours ouvertes. Dès le commencement, on ressent l’irrésistible tentation des personnages de se livrer à un étranger et de changer la distance en intimité ; on écoute des confessions qui ne peuvent être tues. La musique qui accompagne le récit révèle le romanesque de ces histoires de cœurs qui ont lieu dans la vie et que l’on retrouve dans les mythes et les légendes. Ce film est la beauté des chagrins racontés.

Pierre T. : 1917 de Sam Mendès
Pour la prouesse technique, la beauté du geste, la qualité de la construction sonore et musicale de ce voyage dans le temps. Foncez télécharger ou écouter sur votre plateforme préférée le son The Night Window, et retrouvez-moi hors du temps !

Madiha Y. : Eva en août de Jonás Trueba
Un truc de fou ce film, le travail sur le son à lui seul te fait décoller dans un univers inconnu et qui éveille à lui seul en toi des sensations archaïques et profondément humaines. Je n’ai jamais entendu ça au cinéma. L’intrigue et le scénario, je leur tire mon chapeau. On suit Eva, 33 ans. On vit son quotidien durant un été très chaud dans un Madrid désertique. Le scénario lui-même ne connaît pas sa fin. C’est surprenant, ça tient aux tripes et tu en ressors avec un nouveau souffle. Ce film est thérapeutique. Ce film est à revoir, mais attention, il faut être prêt.e.

Lucas N. : Adolescentes & Petite Fille de Sébastien Lifshitz
Deux projets dont on a découvert le résultat cette année d’un même documentariste majeur, reflétant à leur manière l’état du cinéma en 2020 : l’un est sorti en salle, l’autre directement diffusé à la télévision, l’un a subi un report lié au confinement, l’autre a profité de la fermeture des salles pour faire son petit buzz. Au-delà de la qualité plastique et de la richesse de ces deux propositions très fortes, profondément humanistes et subtilement très politiques, elles redonnent espoir dans la force qu’a le cinéma à transformer le regard que l’on porte sur autrui, sur le monde, et nous oblige à espérer qu’avec le cinéma, on peut effectivement faire changer des choses.

Alexandre L. : Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood
Eastwood revient en forme, avec un film presque passé inaperçu dans sa belle carrière. Il traite encore du héros mal-aimé, comme il l’avait fait dans Sully et American Sniper. Là, c’est Richard Jewell, patriote américain, qui grâce à son zèle, minimise les dégâts d’une bombe. Cela n’empêchera pas les médias et le FBI de le soupçonner d’avoir lui-même posé la bombe, et de le mettre en cause. Eastwood travaille cette question douloureuse : comment défendre votre pays, quand votre pays ne vous aime pas ? Est-ce que la communauté vous mérite et vous rend grâce pour vos actions ? En cela, il reste parmi les plus grands cinéastes américains.

Florette : Drunk de Thomas Vinterberg
Encore une fois Thomas Vinterberg n’a pas hésite à mettre en scène son acteur fétiche Mads Mikkelsen dans un drame, finalement pas si dramatique que ça. 1h50 d’exaltation devant un film qui présente une bande de copains se sentant coincés dans leur vie familiale et professionnelle, décidant de relevant un défi : vivre quotidiennement avec un certain degré d’alcoolémie dans le sang. On suit leur expérience et l’évolution de leurs attitudes et relations avec le monde qui les entoure. Le film alterne entre tragi-comédie, feel good et pointes de drame, et nous fait ressortir de la salle éblouis, bouleversés, mais pas tristes. Vinterberg réussit son pari : malgré le thème profond discuté, le public ne prend pas parti et le film résiste à cette tentation du moralisme. Humaniste, fraternel, intelligent, enivrant, en plus d’être brillant.

Bonus : le film qu’on attend en 2021 – Pierre T. : La Nuée de Just Philippot
Parce qu’il devait sortir avant que l’on soit (re)confinés, et qu’il sortira (on l’espère) début 2021, j’ai eu la chance de le voir en avant-première et ainsi de découvrir un marqueur du cinéma de genre français ! Du film rural, quasi social aux accents Ken Loach-iens, jusqu’au cinéma catastrophe, tout est maîtrisé et agencé à la perfection, le tout avec un casting et une équipe technique de premier choix, et tourné en Région Auvergne-Rhône-Alpes (cocorico) !

Toute l’équipe de l’association vous souhaite une belle année 2021, pleine de bons films et de belles découvertes !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.