Un effort industriel sans précédents
C’est incontestablement un film qui a été pensé pour faire rêver, pour transporter le spectateur ailleurs. Il faut dire que l’effort visuel, au niveau des décors, des costumes, de la conception des personnages animés, est considérable et relève de quelque chose que l’on a jamais vu auparavant dans le cinéma français.
Ainsi, Luc Besson se montre-t-il comme le maître de l’innovation : il a cette posture depuis longtemps, lui qui avec son Arthur et les Minimoys avait déjà participé à l’essor des industries de l’image animée françaises. Luc Besson, c’est notre investisseur, notre entrepreneur du cinéma français. Certains innovent dans la confection de nouveaux produits, pour lui, le produit c’est le cinéma.
Et le résultat est époustouflant, des décors à couper le souffle, avec la meilleure technique et la meilleure précision que l’on peut trouver aujourd’hui en 2017. Tous les fans de science-fiction se régaleront devant le bestiaire qui est tout droit sorti des mêmes inspirations que celui de Star Wars : nouvelles formes, nouvelles langues, nouvelles cultures. Le voyage n’en est donc pas entièrement inintéressant.
Une lacune d’âme
Si ce film manque de quelque chose (en dehors de l’esthétique et de l’argent), c’est bien d’âme. Et même cruellement. L’histoire a beau être adaptée d’une bande-dessinée (qu’il faudrait que je lise, peut-être Besson s’est-il borné à reproduire un scénario déjà avorté dans le bouquin ?), l’intrigue est molle, convenue, comme beaucoup de choses dans le film. La romance entre les deux personnages principaux, si elle peut être parfois très drôle et intéressante, est la plupart du temps niaise et sans aucune saveur originale : où diable est l’exception française qui aurait dû inciter Besson à faire quelque chose de différent ?
On a le classique : un peuple ayant subi un génocide de manière collatérale réclame réparation et est poussé à faire une action terroriste. Les méchants généraux militaires humains au sommet de la hiérarchie sont bien sûr au courant et ont tout fait pour dissimuler l’existence de survivants à ce génocide ! Et en vous disant ça, je ne vous spoile rien, ceci est prévisible depuis la première demi-heure du film, et bien qu’on s’accroche à nos rêves pour espérer que le prévisible n’arrive pas, ce dernier se met irrémédiablement à exécution.
Une fin gâchée
Quand un film comme Valerian voit sa musique originale composée par l’illustre Alexandre Desplat, évidemment, terminer la scène finale déjà niaise et pleine de guimauve par un pauvre slow dégoté on ne sait où, c’est du manque de goût. Surtout pour enchaîner sur un un film de Luc Besson, écrit en blanc, teinté d’éclairs et de flammes bleus.
En fait, la fin et la manière dont le film fait la transition avec le générique résume tout à fait l’esprit de ce film : sans âme, sans goût, sans finesse. Dommage qu’autant de talent ait été mis dans la création de l’arrière-plan, si le sujet, en place d’être un château plein de mystères, n’est en fait qu’un mobile home du camping des flots bleus.
J’irai quand même voir la suite je pense, car je crois en l’homme en ce qu’il est capable d’apprendre de ses erreurs et de se rattraper dans le futur.