Réflexion générale sur le fait de voir un film au cinéma

Lorsque je pense voir un film avec mes amis, mes parents, ou même seul, je m’imagine d’abord aller au cinéma, c’est à dire le lieu de projection de l’objet cinématographique. Le film y est projeté, mais n’est pas « Cinéma », du moins il ne définit pas ce qu’est le cinéma car le film existerait comme objet cinématographique, comme objet du Cinéma, qui ne dépendrait pas de son expérience en salle. Que l’on y aille pour voir la dernière superproduction hollywoodienne ou un film sélectionné lors du festival de la Rochelle, le cinéma me semble être le fait, pour le spectateur, d’accepter de se placer volontairement dans une situation de réception du film dans une salle, et ce, en compagnie d’autres spectateurs dans une situation similaire à la sienne.

La foule spectatrice ne moralise pas la création cinématographique qui lui est proposée, elle accepte l’œuvre, qu’importe sa qualité ou son ambiguïté. Il ne s’agit pas de refuser un film avec pour raison que ce dernier est un film de propagande, qu’il mette en évidence un schéma bourgeois, voire qu’il s’agisse du travail d’un réalisateur controversé, mais il s’agirait d’accepter une proposition lors de la projection, qu’importe ses caractéristiques, qu’importe son éthique.

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Autour de Joe Hisaishi

D’autant que je puisse me souvenir, les musiques de Joe Hisaishi m’ont toujours accompagnées. De la tendre enfance, avec mes voisins Lucile, Théodore, et Charlotte devant Princesse Mononoké, au collège avec Tom et Audrey, en rejouant au Conservatoire le thème du Château dans le ciel, aux longues heures de travail à l’université accompagnées par les morceaux du Château ambulant, Hisaishi a été, pour moi comme pour beaucoup d’autres, mon joyeux compagnon de route discret. Ses mélodies simples sont ancrées aujourd’hui dans la mémoire de nombreuses personnes, associées aux doux souvenirs d’un Japon lointain, magique, fantastique.

Né en 1950, Joe Hisaishi est actif depuis 1974. S’il est un compositeur plus que prolifique, avec près de 30 albums en studio, plus de 80 bandes-originales de films, et d’autres contributions pour des séries télévisées, jeux-vidéos, ce sont ici pour ses fameuses collaborations avec Miyazaki que nous allons aborder Hisaishi. Continuer la lecture de « Autour de Joe Hisaishi »

Les passantes selon Charlotte Abranow

Ce samedi 10 mars, je tombe par hasard sur mon fil d’actualité Facebook sur le clip officiel des « Passantes » de Georges Brassens. C’était, pour ne pas dire, deux jours après la journée internationale du droit des femmes. Mais pourtant le lien entre cette journée, ou l’état d’esprit qui en ressort, et la chanson du bon vieux moustachu, ne m’a pas tout de suite percuté et tant mieux je dirais. Continuer la lecture de « Les passantes selon Charlotte Abranow »

Valérian : la cité des mille déceptions

Un effort industriel sans précédents

C’est incontestablement un film qui a été pensé pour faire rêver, pour transporter le spectateur ailleurs. Il faut dire que l’effort visuel, au niveau des décors, des costumes, de la conception des personnages animés, est considérable et relève de quelque chose que l’on a jamais vu auparavant dans le cinéma français.

Ainsi, Luc Besson se montre-t-il comme le maître de l’innovation : il a cette posture depuis longtemps, lui qui avec son Arthur et les Minimoys avait déjà participé à l’essor des industries de l’image animée françaises. Luc Besson, c’est notre investisseur, notre entrepreneur du cinéma français. Certains innovent dans la confection de nouveaux produits, pour lui, le produit c’est le cinéma.

Et le résultat est époustouflant, des décors à couper le souffle, avec la meilleure technique et la meilleure précision que l’on peut trouver aujourd’hui en 2017. Tous les fans de science-fiction se régaleront devant le bestiaire qui est tout droit sorti des mêmes inspirations que celui de Star Wars : nouvelles formes, nouvelles langues, nouvelles cultures. Le voyage n’en est donc pas entièrement inintéressant.

Une lacune d’âme

Si ce film manque de quelque chose (en dehors de l’esthétique et de l’argent), c’est bien d’âme. Et même cruellement. L’histoire a beau être adaptée d’une bande-dessinée (qu’il faudrait que je lise, peut-être Besson s’est-il borné à reproduire un scénario déjà avorté dans le bouquin ?), l’intrigue est molle, convenue, comme beaucoup de choses dans le film. La romance entre les deux personnages principaux, si elle peut être parfois très drôle et intéressante, est la plupart du temps niaise et sans aucune saveur originale : où diable est l’exception française qui aurait dû inciter Besson à faire quelque chose de différent ?

On a le classique : un peuple ayant subi un génocide de manière collatérale réclame réparation et est poussé à faire une action terroriste. Les méchants généraux militaires humains au sommet de la hiérarchie sont bien sûr au courant et ont tout fait pour dissimuler l’existence de survivants à ce génocide ! Et en vous disant ça, je ne vous spoile rien, ceci est prévisible depuis la première demi-heure du film, et bien qu’on s’accroche à nos rêves pour espérer que le prévisible n’arrive pas, ce dernier se met irrémédiablement à exécution.

Une fin gâchée

Quand un film comme Valerian voit sa musique originale composée par l’illustre Alexandre Desplat, évidemment, terminer la scène finale déjà niaise et pleine de guimauve par un pauvre slow dégoté on ne sait où, c’est du manque de goût. Surtout pour enchaîner sur un un film de Luc Besson, écrit en blanc, teinté d’éclairs et de flammes bleus.

En fait, la fin et la manière dont le film fait la transition avec le générique résume tout à fait l’esprit de ce film : sans âme, sans goût, sans finesse. Dommage qu’autant de talent ait été mis dans la création de l’arrière-plan, si le sujet, en place d’être un château plein de mystères, n’est en fait qu’un mobile home du camping des flots bleus.

J’irai quand même voir la suite je pense, car je crois en l’homme en ce qu’il est capable d’apprendre de ses erreurs et de se rattraper dans le futur.