[Cannes 2017] Le Redoutable de Michel Hazanavicius

Compétition officielle

Je commence tout d’abord par préciser que je déteste Godard. Non pas forcément le personnage, qui m’indiffère, même si sa connaissance du cinéma et l’impact que son oeuvre a eu dans l’art est indéniable. Mais ses films sont pour moi insupportables. J’ai tenté d’en voir deux (ses plus connus, Le Mépris et A Bout De Souffle) et n’en ai fini aucun, trop insoutenable pour moi.

Aujourd’hui je remarque qu’on connait plus Jean-Luc Godard pour ses frasques et ses coups de gueules que pour ses productions cinématographiques, l’artiste s’étant en effet retiré par lui-même de l’industrie « classique » du cinéma pour en explorer la face la plus expérimentale et politique (retenons ses deux dernières production, le troublant et en 3D Adieu au Langage et un court-métrage pour le film collaboratif Les Ponts de Sarajevo). La radicalité du virage artistique pris par Godard est d’ailleurs le point central de ce film qui, tout en se déguisant en une amusante pastiche, peine à cacher son l’admiration pour ce héros de l’art. Sans sombrer dans l’hommage aveuglé par une idolâtrie mal placée, Hazanivicius livre un film d’une simplicité troublante et d’une grande drôlerie, presque à l’inverse des films de Godard, justement…

La démarche est ici didactique et simple ; tout en usant de tous les effets propres au cinéma de la nouvelle vague (caméra, couleurs négatives, voix-off, regards-caméras, sous-titres parodiques, titres de parties, etc.) – sans parfois réelle utilité néanmoins – , Hazanivicius livre comme une introduction à Godard et à son cinéma à partir de son côté sombre pour mieux donner envie d’en voir l’autre côté, et prouve son don de la parodie (incontestable depuis les cultes Le Grand Détournement et les deux OSS 117) en plus de sa très grande cinéphilie, qu’il exploite pour mieux rendre hommage à un cinéma d’un autre temps que sa filmographie dessine de plus en plus précisément (les OSS parodiaient déjà le cinéma machiste d’un autre temps tandis que The Artist était un évident hommage au cinéma muet).

 

Le réalisateur livre donc un film d’une grande ingéniosité de part sa simplicité loin d’être simpliste, et une comédie, au sens noble du terme ; car en effet on rit beaucoup devant ce film. On rit des coups de gueules de Godard, de ses réactions démesurées et parfois même de son malheur (combien de lunettes cassées et combien de rires en réponse ?), la scène la plus drôle restant surement le plan-séquence dans la voiture ramenant Godard et ses amis de Cannes où le talent des comédiens est le plus flagrant (mention à la petite apparition de Monsieur Fraize, l’humoriste absurde devenu subrepticement le second rôle incontournable des comédies françaises). Les comédiens en seconds-rôles ne sont pour autant jamais écrasés par la prestation de Louis Garrel qui livre ici un rôle bien différent de tous ses autres. Il s’agit là d’une performance ; mimétisme vestimentaire et capillaire, tics langagiers, allures, Garrel est méconnaissable car on ne voit plus lui mais Godard, la réussite est totale. Il ne sera pas donc pas surprenant de le voir surement nommé aux Césars l’année prochaine…

Pour autant, même s’il est l’attraction du film, Garrel est bien obligé de laisser place à LA découverte du film, la gracieuse Stacy Martin, qui, avec douceur et simplicité, s’impose en premier rôle du film, et se fait l’incarnation du regard en diagonal que prend Hazanavicius sur le film ; elle, et son personnage de muse du cinéaste, est celle qui justifie ce regard distancié sur le trublion Godard et en permet autant un hommage qu’une critique. Grâce à son rôle d’amoureuse admirative se rendant compte de l’extrémisme démesuré de l’engagement politique et artistique (qui seraient la même chose pour Godard) de son amant, Hazanavicius obtient les scènes les plus émouvantes du film ; car il est évident qu’une histoire d’amour avec Godard ne doit pas être chose facile, promesse d’un récit mouvementé. C’est donc par Stacy Martin, véritable révélation, que le film se fait charmant, doux, léger, drôle et émouvant…

S’il est certain que Godard n’appréciera pas ce film (ou bien ne le verra surement jamais), Le Redoutable est une jolie réussite qui permet à Hazanavicius de contredire ceux qui disent de lui qu’il n’est pas un cinéaste sérieux.

Ainsi donc, si je n’ai pas pu finir un film de Godard, j’ai été enchanté devant un film sur Godard.

Le film sortira le 13 septembre en France. Vu dans le cadre de la semaine de reprise au Comoedia.

 

[Cannes 2017] Un Beau Soleil Intérieur de Claire Denis

Vu dans le cadre de la reprise du Festival de Cannes au Comoedia.

Prix SACD – Quinzaine des réalisateurs

Ce qui marque immédiatement dans le nouveau film de Claire Denis, c’est le visage de Juliette Binoche, actrice qu’on ne présente plus désormais… Mais bizarrement, qu’on aura l’impression de ne jamais avoir vu avant. Ces gros plans – presque impudiques – qui mettent en avant ce regard tantôt brillant, tantôt mouillé, d’un naturel profondément bouleversant. Ses sourires, rares, illuminent l’écran. Comme le film raconte les déboires amoureux de cette femme qui n’est ni une jeune femme dans la fleur de l’âge, ni une femme « périmée » (si l’on peut dire quelque chose comme ça) et qui connait encore des hommes, elle garde l’espoir qu’un jour, elle rencontrera ce prince charmant que l’on nous promet sans jamais vraiment le trouver. C’est un film finalement assez sombre, en tout cas larmoyant par moment. Mais la sincérité de son actrice principale est telle que l’on ne peut nier que la sensibilité exacerbée qu’elle joue donne au film une tonalité captivant.

Ces hommes, justement, lui sont profondément proche : imparfaits, inexacts, injustes, insolents, intolérables. Mais jamais profondément mauvais, mais jamais celui que cette femme recherche. Elle va même rencontrer un medium – ou plus qu’un medium : (désolé du spoiler) Gérard Depardieu lui-même. Qui d’autre pourrait promettre qu’un jour elle trouverait ce « beau soleil intérieur », nécessitée pour atteindre le bonheur ? Après tout, avec sa présence lourde, sa voix ayant toujours malgré l’âge ce petit quelque chose d’unique, ce regard, ce nez (et quel nez!), Depardieu s’offre une (courte) apparition mémorable face à une Juliette Binoche qui, sans dire un mot et seulement par la grâce de la mise en scène, reste au cœur de cet entretien aussi colossal entre deux des plus importants morceaux du cinéma mondial.

Pourtant, un regret, un seul plan : celui sur la Tour Eiffel, assimilable à un phare avec ses faisceaux lumineux, introduisant un dialogue entre un homme et Binoche au sujet de leur relation. A quoi sert-il ? Nous rappeler que le film se déroule à Paris ? Inutile. Nous dire que la Tour Eiffel est le phare de Paris, ville des amours ? Que la Tour Eiffel est une métaphore, ce serait grossier, parce que gros, parce que déjà vu à peu près partout. On se plaît à croire que non, que Claire Denis a réalisé un film beaucoup plus fin. On se plaît à croire que la finesse justement du film l’emporte sur tout le reste, et que le visage de Juliette Binoche restera aussi lumineux que dans les derniers plans du film. Il est alors tellement plus éclairant que celui sur la Tour Eiffel.

Le film sortira en France le 27 septembre 2017.

Nos remerciements aux équipes du Comoedia pour la projection du film.

Interview Sébastien Laudenbach (La Jeune Fille sans Mains)

Sébastien Laudenbach a reçu à Cannes cette année le prix France Culture – Cinéma de la part des étudiants pour son premier long-métrage La Jeune Fille sans Mains. Nous avons pu échanger avec lui suite à la cérémonie…

Vous venez de vivre une année exceptionnelle : depuis votre passage à l’ACID avec votre premier long-métrage La Jeune Fille sans mains, vous avez remporté un prix à Annecy, été nommé aux Césars… Que retirez-vous de l’année écoulée ?

Un tourbillon. L’impression que les choses allaient plus vite que moi. Le film s’est fait patiemment , petit à petit, avec un temps très étiré. Quand on ne fait que quelques secondes par jour, on est dans un rapport au temps qui est singulier et là, ce rapport au temps a été bouleversé. Dès la projection à Cannes, tout est allé très vite. Je commence à en sortir un peu, je suis encore un peu enivré.

Est-ce que ce n’est pas un peu difficile de penser votre second projet après tout ce qui vient de se passer ? Est-ce que vous allez continuer le long-métrage ?

Je ne sais pas. Là, je viens de terminer un court-métrage qui va être diffusé sur Troisième scène, le site de l’Opéra de Paris [disponible en dessous, ndlr]. Moi j’ai envie de continuer à faire des films. Après est-ce que ce sera des films courts ou des films longs, je n’en sais rien. C’est vrai que faire un deuxième film après celui-ci… C’est pas simple, parce que je ne veux pas faire deux fois la même chose. Je voudrais faire un projet qui me tient à cœur. Je ne sais pas encore, je suis en pleine réflexion.

Comment avez vous vécu ce processus, de passer après plus de 15 ans de court-métrages au long-métrage ?

C’est une histoire un peu longue : c’est un long-métrage qui m’a été proposé en 2001. On m’avait proposé d’adapter une pièce d’Olivier Py et on a travaillé pendant 7 ans au développement du film, qui a été abandonné. Je l’ai repris à partir du conte d’origine, tout seul, en 2013, avec des gens qui sont venus me soutenir. L’histoire qu’on m’avait proposé, ce conte, me tenait à cœur. A chaque fois que j’y pensais, je me disais « il faut en faire quelque chose ».

Et quand vous dites que vous l’avez fait seul…

J’ai fait l’animation seul. Et le trait est singulier. Le résultat est que le film a été fait avec un processus totalement expérimental : il n’y avait pas de scénario. Je n’avais pas les droits de la pièce, alors j’ai suivi le conte, mais il y a plein de différences entre le conte et le film puisque j’ai improvisé le film du premier plan jusqu’au dernier, en dessinant directement, sans passer par l’écrit, en voyant ce qui se passait sous mon pinceau.

Comment est-ce que vous percevez ce prix aujourd’hui ? Qu’est ce qu’il signifie pour vous ?

C’est super ! Quand j’ai fini ce film et qu’il a fallu le montrer, je me disais « mais qui va pouvoir être intéressé par ce film-là ? ». J’étais persuadé que les gens allaient partir au bout d’un quart d’heure ! Que les gens n’allaient pas accepter cette proposition visuelle si singulière. Le fait que ça plaît à un certain public, et notamment à la jeunesse, pour moi, c’est formidable !

Remerciements à Sébastien Laudenbach pour le temps qu’il nous aura consacré, ainsi qu’à Aurélien Landivier et aux équipes de France Culture.

Interview de Mathieu Gallet (Radio France) et de Sandrine Treiner (France Culture)

Le 21 mai dernier ont été remis les prix France Culture – Cinéma au festival de Cannes à Sébastien Laudenbach pour son premier long-métrage La Jeune Fille Sans Mains, ainsi qu’à Costa Gavras pour sa carrière. Nous ainsi avons pu discuter avec Mathieu Gallet, président de Radio France, et avec Sandrine Treiner, directrice de France Culture, des enjeux liés à ces prix ainsi qu’à la place de la jeunesse et au cinéma sur leurs antennes.


Mathieu Gallet


Un jury d’étudiant vient de remettre un prix à Sébastien Laudenbach pour son premier long-métrage, La Jeune Fille sans Mains. Quelle est l’importance pour Radio France que ces étudiants puissent remettre un prix au Festival de Cannes ?

Mathieu Gallet : Pour nous, c’est l’occasion de faire participer un jeune public, de jeunes auditeurs de France Culture à la remise d’un prix à un des éléments, un des arts constitutif de notre antenne qu’est le cinéma. Sur France Culture c’est très important, comme globalement sur toutes les antennes de Radio France puisqu’on soutient plus de 130 films par an sur tout Radio France. L’idée de faire remettre un prix par des étudiants, c’est vraiment l’idée d’une transmission. 

Le fait de remettre un prix à la fois à un jeune cinéaste et à un cinéaste expérimenté, c’est aussi une manière pour les étudiants de rencontrer une certaine idée de l’industrie ?

Mathieu Gallet : Il y a une considération pour un cinéma qui est déjà inscrit dans l’Histoire et un cinéma plus en devenir, oui.

Est-ce que ça a encore du sens de remettre un prix à Costa Gavras après toutes ces années ?

Mathieu Gallet : C’est quelqu’un qui a un filmographie impressionnante et qui continue à créer. C’est aussi une histoire qui continue !


Sandrine Treiner

 

Pourquoi c’est important pour France Culture que vous organisiez une remise de prix par des étudiants ? Quelle relation voulez-vous entretenir avec eux ?

Sandrine Treiner : En fait, il y a deux raisons pour lesquelles c’est très important. La première, je pense que dans les missions de service public, il y a la diffusion des cultures et des savoirs, mais il y a aussi sa transmission. C’est une évidence de s’adresser aux nouvelles générations, et de faire en sorte qu’elles se réapproprient à leur façon, avec leurs propres codes ce qui se fait de mieux en matière de culture aujourd’hui. La deuxième raison, d’une certaine façon je pourrais dire que c’est la survie de nos médias : pourvoir être attractif pour les jeunes générations. La radio est en train de changer. Sur les 13-24 ans, aujourd’hui, c’est devenu un média numérique. Pour la plupart, ils écoutent non pas la radio mais les contenus sonore produits par la radio en y accédant par les réseaux sociaux, les sites internets, les podcasts… Donc c’est à nous de continuer à faire évoluer la radio, de telle sorte qu’elle devienne leur média vu qu’un jour nous ne serons plus là et qu’ils seront à notre place !

C’est aussi une manière pour ces jeunes de rencontrer des cinéastes accomplis et reconnus et des gens de l’industrie du cinéma. N’est-ce pas aussi une manière d’être à l’origine d’une nouvelle génération du cinéma français ?

Sandrine Treiner : Oui, il y a cette idée-là : de mettre en relation la nouvelle génération de cinéaste avec la nouvelle génération de spectateurs. Toute l’idée du prix – qui existe aussi pour la littérature – c’est de proposer aux jeunes gens, aux étudiants, de voir des films. Et d’une certaine façon, le lauréat y gagne, mais le plus important, c’est que vous puissiez voir des films. D’amener des films intéressants, innovants, de les amener jusqu’aux jeunes.

Est-ce que France Culture, dans son soutien aux films qui sortent, prend en compte dans sa ligne éditoriale la jeunesse ?

Sandrine Treiner : En fait, France Culture est une radio qui est faite par des gens qui sont très jeunes. Au micro, il y a quand même les producteurs de 3 ou 4 émissions quotidienne qui ont 30 ans. Dans les équipes, c’est plein de jeunes, qui sortent d’études. Je ne me dis pas qu’il y a la radio et il y a les jeunes. C’est une radio qui est faite par des gens de toutes les générations mais avec un véritable renouvellement. Je n’ai pas le sentiment que nous soyons extérieurs à la jeunesse. D’une certaine façon, on est dedans.

L’évolution de la manière de regarder les médias et de s’en servir, notamment depuis une dizaine d’années avec internet, remet en question notre rapport à ceux-ci.

Sandrine Treiner : Totalement, et nous ne faisons plus du tout la radio comme avant ! Aujourd’hui, quand nous concevons la grille, je pense dans le même temps à ce que ça sera pour la radio, et ce que nous proposerons sur Facebook, Twitter, ce qui sera filmé comme la remise du prix étudiant France Culture aujourd’hui qu’on mettra sur Youtube… Je ne sais pas si nous sommes suffisamment en phase, mais en tout cas, la mutation nous l’avons faite.

Est-ce que la nouvelle ministre de la culture, madame François Nyssen, a un rôle à jouer dans ces évolutions ?

Sandrine Treiner : Je pense que la problématique que nous venons d’aborder concernant la radio est une problématique qui concerne la culture de manière globale. On observe aucune diminution des pratiques culturelles, simplement, ces pratiques culturelles ne passent plus par les mêmes actes qu’avant et donc pose des problèmes de financement de la culture. Mais ce ne sont pas les pratiques culturelles qui souffrent en tant que tel. Le monde a tout autant besoin de culture et de connaissance qu’avant, c’est un fait anthropologique.

Qu’est ce que vous attendez d’elle concrètement ?

Sandrine Treiner : Nous savons qu’avec elle nous allons continuer à opérer les modifications, les changements dont nous avons besoin dans nos propres pratiques pour pouvoir continuer à diffuser par la radio ou autrement la culture, parce que c’est une question de service public et de ce qui se fait de mieux dans notre pays. On voit bien que la culture et la connaissance sont les deux vecteurs qui nous font éviter le chaos.

Interviews réalisées le 21 mai 2017 au Festival de Cannes. Remerciements à Mathieu Gallet et à Sandrine Treiner, ainsi qu’à Adrien Lavandier (France Culture) et aux équipes d’UniFrance.

[Cannes 2017] How to Talk to Girls at Parties de John Cameron Mitchell

Hors-compétition

Si le nom de John Cameron Mitchell ne vous dit rien, c’est que vous n’avez vu ni Hedwig and the Angry Inch, sorti en 2001 dans lequel le réalisateur lui-même jouait le rôle d’un rockeur trans-sexuel ou le très sulfureux Shortbus, présenté à Cannes en 2006, très remarqué à cause de ses scènes de sexe non simulées. Et il nous semblait important de vous en rappeler l’existence pour aborder son nouveau film, présenté en hors-compétition à Cannes : How To Talks to Girls at Parties, réunissant notamment Elle Fanning (SomewhereThe Neon Demon,…) et Nicole Kidman (faut-il la présenter?), et dans lequel il continue son étude quasi-anthropologique de la sexualité.

L’enjeu du film était en effet (comme dans ses autres films) de parler directement à la jeunesse – de manière moins polémique ici – en opposant dans l’Angleterre des années 1970 les mouvements punk et… des extraterrestres. Enn (Alex Sharp) n’est qu’un adolescent à tendance punk ordinaire de son époque, écoutant Sex Pistols, qui découvre une nuit avec des amis une maison remplie d’êtres mystérieux. Parmi eux, la jeune Zan (Elle Fanning) décide de fuir avec lui. Les personnages de Zan et de Enn sont d’ailleurs construits, malgré les apparences, de la même manière : ils refusent l’autorité venant d’une personne leur étant supérieure. Autrement dit, ils cherchent à s’émanciper de cette cellule « parentale » (le personnage de Zan n’ayant pas véritablement de parents à proprement parler) et cela passe par une histoire d’amour entre eux. De la même manière, toute une découverte de la sexualité est associée aux extraterrestres et aux punks. Les premiers traumatisent d’ailleurs l’un des personnages principaux en lui faisant découvrir le plaisir rectal et on peut voir Elle Fanning embrasser une autre fille durant une scène de concert punk.

La musique punk est d’ailleurs aussi caractéristique d’une recherche esthétique de cette émancipation : la baisse de la fréquence d’images dans la scène introductive revient à parler de cette jeunesse qui se croit tout permis, comme de jeter des détritus sur un mur avec inscrit de ne « rien jeter ici ». On soulignera aussi la qualité du travail de la célèbre costumière Sandy Powell (ayant travaillé pour Scorsese notamment), qui propose des tenues d’extraterrestres colorées et farfelues remarquablement applaudies dans le Grand Théâtre Lumière de Cannes. Un film que l’on ne peut que vous conseiller fortement, malgré une fin en demi-teinte (qu’on ne spoilera pas ici). Oh, et Nicole Kidman en chanteuse punk, même si c’est aberrant, ça a le mérite de rester quelque chose de saisissant.

NB : le film n’est pas au format 4/3 comme la bande annonce le suggère.

Le film n’a pas encore de date de sortie en France.

[Cannes 2017] Vivre le Festival de Cannes… depuis Lyon !

Comme il est de coutume de dire à quel point le festival semble éloigné des simples cinéphiles, Cannes se délocalise désormais durant le mois de juin dans notre douce ville, loin du brouhaha et des tracas propres à un événement d’une telle ampleur. En résumé, Cannes se délocalise. Le Comoedia d’abord, propose une sélection du 7 au 13 juin 2017, suivi du 14 au 20 juin au cinéma Lumière Terreaux (ex-CNP Terreaux).

 

Comœdia

Quelques mots sur la sélection du Comœdia qui s’offre de belles projections issues de plusieurs sélections : à la fois trois films de la compétition officielle (incluant le prix du jury Faute d’Amour du russe Zvyagintsev, le nouveau film d’Hazanavicius consacré au Godard de 1968, Le Redoutable), mais aussi le nouveau film de Laurent Cantet (Palme d’Or 2008 pour Entre les murs, avec L’Atelier tiré de la sélection Un Certain Regard). Seront aussi présentés entre autres le documentaire d’Agnès Varda et JR Visages, Villages (Hors compétition), le nouveau film de Claire Denis, Un beau soleil d’intérieur, avec Juliette Binoche (Quinzaine des réalisateurs, Prix SACD).

Première vague – Comœdia – 7 au 13 juin

 

Cinémas Lumière

C’est à domicile que viendra présenter le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux plusieurs films tirés de la sélection officielle. Il présentera ainsi le nouveau film de Mathieu Amalric, ayant fait l’ouverture du Certain Regard (Barbara), ayant reçu un prix à la formulation unique qu’est « prix de la poésie du cinéma » et présentera aussi Mise à mort du cerf sacré, ayant reçu le prix du scénario. On ne peut que vous conseiller le magnifique Vers la Lumière de Naomi Kawase et de découvrir par vous même le dernier Michael Haneke, Happy End. Sera aussi présenté le film ayant reçu la Caméra d’or : Jeune femme, de Léonor Serraille.

Festival de Cannes aux Cinémas Lumière – 14 au 20 juin

[Cannes 2017] Happy End de Michael Haneke

Compétition officielle

C’est l’un des champions absolus du Festival de Cannes. Haneke retourne en compétition officielle à Cannes après deux Palmes d’Or d’affilée en 2009 avec Le Ruban Blanc et en 2012 avec Amour. Son nouveau film, forcément attendu, ne remplit pourtant pas toutes ses promesses. Mis à part son introduction absolument dantesque sur laquelle nous allons revenir, le film se repose sur ses acquis et les thématiques haneke-ienne habituelles. Un mauvais film ? Non, loin de là. Juste un film qui ne surprend au final que très peu…

Cette introduction, filmée avec un téléphone portable à la verticale, se découpe en 4 plans-séquences. Le premier montre une femme qui fait sa toilette avant d’aller se coucher, avec des messages survenant avant qu’elle n’agisse – comme si des ordres lui étaient donnés. Le second montre un hamster en cage, les messages expliquant pourquoi sa consommation de médicament visait bien à le tuer. Le troisième montre à nouveau la femme, mangeant, et cette fois-ci est précisé que le plat contient ces fameux médicaments. Enfin, le dernier montre la femme allongée, avant qu’on n’appelle une ambulance. Cette séquence de 5 minutes tout au plus est un coup de maître: l’individu est enfermé dans le cadre comme le hamster dans sa cage. L’hyper-connectivité le dirige dans ses actions. Pourtant, ces thématiques ne sont pas tellement présentes dans le reste du film, ou du moins la fraicheur de cette idée de mise en scène est totalement sous-estimée.

La bourgeoisie, par exemple, est toujours chez Haneke accompagnée de vices, de troubles, de mensonges, et ici c’est toujours le cas, mais sans plus. Comparée à un La Pianiste, la bourgeoisie de Happy End fait figure ici d’un classicisme décevant. L’un trompe sa femme avec une autre ayant des goûts extrêmes, l’autre veut mourir parce qu’il est vieux mais tout le monde l’en empêche… Bref, rien que du très classique. Fantine Harduin, par contre, propose quelque chose de beaucoup plus immoral et intéressant – on saluera d’ailleurs la qualité de son interprétation, véritablement la découverte du film.

Quant au sujet des migrants – supposé être l’un des points de départ du film, qui se déroule à Calais –, on ne retrouve ce sujet que dans deux scènes assez grossières et simpliste : oui, les serviteurs de cette famille sont issus du Maghreb, pas besoin qu’une personne gueule au détour d’une scène que se sont leurs « esclaves ». L’idée était déjà compréhensible. L’autre scène, beaucoup plus intéressante, arrive à la fin du film. Cette scène de déjeuner d’anniversaire s’avère manquer de folie là où il y en a des traces trop polies. Le propos en aurait-il d’ailleurs gagné si le scénario était allé au bout de sa logique ? Qui sait. Le dernier plan, en tout cas, filmé aussi avec un téléphone, ne manque pas de panache, quand on y réfléchit.

Le film sortira le 18 octobre en France.

[Cannes 2017] La polémique Netflix : que devient le cinéma ?

Après l’annonce du palmarès, ce dimanche soir, il m’est apparu important de revenir sur une question importante qui n’avait été que soulevée, résolue à la hâte et à laquelle en tous cas aucune réponse n’avait été donnée : celle de la présence de films Netflix sélectionnés en compétition.

Tout commence avec l’annonce de la sélection officielle le 13 avril : deux films produits par le géant américain de la VOD Netflix, respectivement Okja, du coréen Bong Joon-ho, et The Meyerhowitz stories, de Noah Baumbach sont sélectionnés par le Festival.

Dans la foulée, la Fédération nationale des Cinémas Français – la fameuse à l’origine du Printemps du Cinéma ou d’autres manifestations – a réagi en s’étonnant que  » le conseil d’administration [du Festival] dont elle est membre n’ait été consulté  » à propos de la sélection des deux films produits par Netflix. La FNCF allait même jusqu’à s’interroger sur l’épineuse question que j’ai choisi de traiter :

Et qu’en sera-t-il demain, si des films du Festival de Cannes ne sortaient pas en salles, remettant ainsi en cause leur nature d’oeuvre cinématographique ?

En effet, hors de la salle le cinéma existe-t-il vraiment ? Ou est-ce plutôt une certaine vision que l’on se fait du cinéma, qui est tant un lieu qu’un art, avec ses adeptes, ses passants, … Mais à l’inverse ne devons-nous pas revoir les réglementations et la chronologie des médias, fondements de l’exception culturelle du cinéma français, pour coller au mieux à la cinématographie, son monde, son univers.

Le cinéma comme lieu

Le cinéma, autant qu’il est un art, est un lieu. C’est d’ailleurs le seul art qui peut se vanter d’avoir un seul mot pour désigner tant les œuvres qui s’y rattachent que le lieu dans lequel on les voit. On ne dit en effet pas qu’on va à la musique pour écouter des œuvres sonores, ou à la peinture pour admirer des toiles.

Pour définir ce lieu si particulier, je prendrai l’exemple que Jean-Pierre Sougy utilise et qui m’a beaucoup plu : la salle de cinéma, c’est un peu comme une église. C’est en effet un lieu de communion sociale avant tout, les individus s’y retrouvent, dans des rangs épars pour regarder et assister pendant une heure ou deux à un même message, délivré par un artiste qui s’impose donc comme un interprète entre une réalité supérieure et les femmes et les hommes venus s’enrichir de nouvelles images et de nouvelles expériences.

De plus, comme l’Eglise, la salle de cinéma possède une sociologie particulière : elle peut être composée tant de néophytes, de passants occasionnels, que d’illustres éclairés, les cinéphiles, qui viennent au cinéma souvent seuls car personne ne veut gâcher un film par leurs commentaires incessants, ils sont habillés dans leurs longs manteaux noirs et gribouillent sur leur carnet pour préparer le prêche qu’ils tiendront à l’issue de la séance.

Si je voulais chercher davantage dans la comparaison, je dirais même que de la même manière que les mariages se forment à l’Eglise, des couples se forment souvent au cinéma, lieu propice car il nous enlève au réel pendant quelques instants, nous plonge dans une obscurité intime et envoûtante, naturellement favorable à l’élévation vers d’autres cieux sentimentaux.

Video Killed the Radio Star, Julia Chapot, 2016

Le cinéma comme art visuel

Le cinéma au delà de la salle reste un art qui pourrait être défini assez fidèlement par une superposition d’images et de sons. Certains pourront ne pas être d’accord avec cette définition, mais comme président du Festival du film Jeune de Lyon, j’ai été amené à constater que le cinéma n’est pas seulement une vidéo avec une histoire. Evidemment, le cinéma doit cependant toujours raconter un message, là aussi je reprendrai une citation bien connue sur la question :

Le cinéma c’est dire le vrai, avec du faux.

Comme tous les arts, le cinéma est un messager entre une vérité supérieure et le commun des mortels. Cette vérité supérieure est portée par ceux qui créent le film, et interprétée par les comédiens ou les personnes qui y figurent.

Evidemment aussi, il y a toujours cette distinction un peu présomptueuse entre le cinéma, et la vidéo, la deuxième étant nettement inférieure en qualité au premier. Pour reprendre cette fois Claude Duty, je pense vraiment que le cinéma existe dès qu’il y a l’intention de faire passer une idée, un message au moyen d’une création mêlant sons et images. 

Naturellement, la Fédération des Cinémas Français considère que la nature cinématographique d’une oeuvre est conditionnée par sa sortie en salle. Mais alors, Okja de Bong Joon-ho (réalisateur également du génial Transperceneige) ne serait pas du cinéma seulement parce qu’il ne sera pas visible en salles ? Cette condition est compréhensible, mais à mon sens trop restrictive et d’un autre temps.

Qu’est-ce que le cinéma aujourd’hui ?

C’est en effet une question qui se pose : à l’ère de la révolution numérique que nous connaissons depuis voilà une dizaine d’année. Rien que dans le Festival du film Jeune de Lyon, pour sa première édition, le cinéma que nous avons reçu, produit par de jeunes lyonnaises et lyonnais était considérablement innovant et dynamique. Il est aujourd’hui aisé de faire un film, ne serait-ce qu’avec un téléphone et une application de montage vidéo, pour une qualité presque équivalente au premier coup d’œil à du matériel professionnel.

Dans la catégorie si particulière du film jeune, particulière tant au niveau de son niveau de professionnalisme parfois, que par son innovation insouciante, ou son goût du risque inégalable, la distinction entre une vidéo et un court-métrage (du cinéma, donc) se fait également : la vidéo sera généralement comique, tournée vers un public restreint et déterminé (une bande d’amis, la famille, …) quand le cinéma sera adressé justement à n’importe quelle personne capable de voir des images.

Pour revenir à ma comparaison avec l’Eglise, le cinéma a de cette comparaison le côté universaliste. Il nous est arrivé à tous, lors d’un échange scolaire international d’aller au cinéma dans une langue étrangère, ou au moins de regarder un film sans possibilité de traduction ou de compréhension. Les images, et le cinéma ont de cela la faculté d’être internationaux et de parler à tous, dans toutes les langues.

Le cinéma, c’est avant tout des images, un message, quelque soit le support, et quelles que soient les conditions dans lesquelles on les reçoit.

Elevé par la rue, Martin Gadiolet et François Rozel, 2016

Quel avenir pour le cinéma français ?

Aujourd’hui en effet, Netflix pose problème. Avec la chronologie des médias, sans cesse décriée par les acteurs du cinéma, l’opérateur n’a aucun intérêt à diffuser son film en salles, ce qui l’empêcherait de le diffuser à ses abonnés avant … trois ans !

Pour autant, Netflix, en s’imposant de plus en plus comme un producteur de cinéma de qualité (Okja, de Bong Joon-ho évidemment, mais également un tournage en cours d’un film de Martin Scorcese), ne devrait pas être exclu du Festival international du film de Cannes, qui se priverait alors, pour des raisons qui apparaîtrait comme reposant sur des principes idéologiques uniquement, de films de qualité reconnue.

La véritable solution repose entre les mains de la législation française et plus largement des politiques publiques culturelles. Il faut évidemment un renouvellement de la chronologie des médias qui tienne compte des nouveaux acteurs tels que Netflix, non pas en leur imposant des règlementations strictes qui les feront fuir, mais en adaptant et en modelant l’exception culturelle du cinéma français à leurs intérêts, de sorte à conserver un marché du cinéma dynamique et reconnu.

Je pense donc en conclusion avec espoir que les générations que nous sommes, celles qui font le cinéma jeune d’aujourd’hui, bénéficieront d’un secteur français du cinéma propice et favorable à la création, ainsi qu’à l’entreprise. Et j’ai la forte conviction que si ce secteur ne s’adapte pas avant, nous serons les acteurs de sa transformation et nous porteront sa refondation vers des horizons encore plus larges.

[Cannes 2017] Vers la lumière de Naomi Kawase

Compétition officielle

La lumière est un concept fort. Fondamental même. Le cinéma n’est que quand il y a des gens pour voir ce qui n’est que de la lumière projetée sur un écran. C’est aussi aller vers la vérité. Mais qu’arrive-t-il si l’on ne peut plus la regarder ? Le monde a-t-il encore du sens ? C’est cette question que se pose Naomi Kawase lorsqu’elle réalise son nouveau film, Hikari, consacré en très large partie au milieu méconnu de l’audiodescription. Méconnu alors qu’il s’agit en fait d’un enjeu de cinéma : comment représenter des images, et les émotions ressenties face à ces images, avec des mots ?

C’est le travail d’ailleurs de cette jeune femme que d’écrire de l’audiodescription, dont plusieurs longues scènes sont consacrées aux conversations suivant les tests réalisés avec des malvoyants. Cela conduit à des discussions de cinéma absolument essentielles et brillantes, inattendues en fait, d’une grande profondeur sur le sens de l’image, de l’émotion, de la transmission…

 

Mais au-delà de cette dimension documentaire habituelle dans ses films, Naomi Kawase propose aussi cette histoire d’amour entre cette jeune femme et cet ancien photographe qui perd sa vue, catastrophe absolue forcément. Ne nous mentons pas, un cinéphile qui perdrait sa vue serait dans le même état. Cette histoire d’amour est d’ailleurs d’une grande justesse : quand on a perdu la vue, il nous faut quelqu’un pour nous permettre de surmonter cette situation. C’est justement l’objectif de l’audiodescription, c’est-à-dire redonner la vue à ceux qui ne l’ont pas. Bref, aider le cinéphile.

On saluera la musique sublime d’Ibrahim Maalouf. On regrettera le côté un peu pathos du film parfois : le rapport au père disparu est assez quelconque et la place de la nature – si elle n’est pas sans intérêt (la lumière, elle vient de la nature, il faut donc aussi l’entendre, la voir, pour comprendre la difficulté de la représentation de celle-ci), elle reste un peu lourde, moins marquante quand dans d’autres films de Naomi Kawase. Reste l’un des films les plus importants de la compétition cannoise cette année, à l’évidence.

Le film sortira en France le 20 septembre 2017.

[Cannes 2017] Le Jour d’Après de Hong Sang-soo

Compétition officielle

On connaît le style Hong Sang-soo, on connaît ses mimiques de réalisation, ses acteurs fétiches… Pourtant, malgré cette répétition de motifs, il continue sur sa voie, à un rythme affolant d’un film présenté en compétition à Berlin en mars 2017 (On the beach at night alone, prix d’interprétation féminin pour Kim Min-hee) puis deux films en mai 2017 à Cannes, dont un en compétition : Le Jour d’Après.

Originalité : le noir et blanc, une première pour le cinéaste. Et on aura rarement vu une aussi belle absence de couleurs, des blancs aussi propres et des teintes de gris aussi étudiées. La beauté de la photographie est là pour soulignée la confusion, la mort du sentiment, amoureux notamment – élément récurent chez le cinéaste. Cette fois, un éditeur (Hae-hyo Kwon) trompe sa femme avec son employée. Cette dernière lui avoue qu’elle l’aime. Il la remplace par une autre (Kim Min-hee), mais les quiproquos avec sa femme jalouse s’accumulent. Derrière les larmes relevant du pathos, se cache une véritable sensibilité sur le monde qui l’entoure, sur les hommes et les femmes qui se croisent, s’aiment, se déchirent. Le désespoir déchirant côtoie dans le film des moments parfois drôles, toujours touchants. C’est souvent au cours de repas que l’intrigue avance : comme dans la vie, c’est au moment où l’on se remplit la pense qu’on se retrouve tous ensemble. Le reste ne fait qu’habiller une logique inéluctable : l’homme était bel et bien une pourriture – pas totale, parce qu’hésitant, doutant, prenant conscience de ses mauvais choix – mais quand même une pourriture, trompant et mentant à longueur de journée, s’enfonçant dans ses mensonges…

On ne peut pas nier que le grand nombre de films que Hong Sang-soo réalise conduit à des redites, surtout étant donné le style prononcé qui caractérise sa mise en scène. Pourtant, Le Jour d’Après est caractéristique de son œuvre post-Un Jour Avec, Un Jour Sans (2015, Léopard d’Or à Locarno) : un aboutissement dans sa logique personnelle, qui continue à nous toucher, film après film, comme autant de vies que le cinéma nous permet de découvrir le temps d’une projection (et courte, comme l’exige son cinéma de l’instant fondé sur des films de rarement plus d’une heure et demie). La présence de La Caméra de Claire en séance spéciale, tourné lors du Festival de Cannes en 2016 avec Kim Min-hee et Isabelle Huppert, le prouve aussi : la finesse du propos contenu dans un film d’une heure et quelques minutes seulement atteste de la maîtrise par Hong Sang-soo du langage qu’il se sera lui-même inventé.

Le film sortira en France le 7 juin 2017.