Les conditions particulières dans lesquelles il se déroulait aurait pu nous faire craindre le pire. Ou plutôt, il serait mentir que dire qu’on a jamais pensé, pas une fois, qu’il pourrait être annulé. Malgré la démultiplication des rouges – du rose à l’écarlate – sur les cartes épidémiques, le festival a bien eu lieu. Un festival au goût particulier, puisque teinté de rouge, lui aussi, celui du tapis : Cannes, plus que jamais, n’a été guère loin de Lyon.
L’occasion tout d’abord de redécouvrir le cinéma des frères Dardenne – le parallèle malicieux avec les frères Lumière ne fait pas oublier qu’ils sont aussi parmi les réalisateurs les plus primés de l’histoire du Festival de Cannes, avec entre autres deux Palmes d’or, un Grand Prix, un Prix de la mise en scène, et un Prix du Scénario. Ce n’est toutefois que justice, tant leur cinéma – parfois réduit à « social » – est en fait un cinéma d’écriture. Toujours avec habilité, il tente de dresser des portraits, souvent difficiles, brutaux, au plus près de ses acteurs, de jeunes gens, de couples, de familles. Il le fait magnifiquement, toujours autour d’images fortes, et on peut penser à L’Enfant, revu durant le festival, dans lequel tout le projet semble se résumer à un instant : celui où Jérémie Rennier se retrouve face à un mur, à attendre que quelque chose se passe.
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