Lumière 2020 | Le festival a bien eu lieu

Les conditions particulières dans lesquelles il se déroulait aurait pu nous faire craindre le pire. Ou plutôt, il serait mentir que dire qu’on a jamais pensé, pas une fois, qu’il pourrait être annulé. Malgré la démultiplication des rouges – du rose à l’écarlate – sur les cartes épidémiques, le festival a bien eu lieu. Un festival au goût particulier, puisque teinté de rouge, lui aussi, celui du tapis : Cannes, plus que jamais, n’a été guère loin de Lyon.

L’occasion tout d’abord de redécouvrir le cinéma des frères Dardenne – le parallèle malicieux avec les frères Lumière ne fait pas oublier qu’ils sont aussi parmi les réalisateurs les plus primés de l’histoire du Festival de Cannes, avec entre autres deux Palmes d’or, un Grand Prix, un Prix de la mise en scène, et un Prix du Scénario. Ce n’est toutefois que justice, tant leur cinéma – parfois réduit à « social » – est en fait un cinéma d’écriture. Toujours avec habilité, il tente de dresser des portraits, souvent difficiles, brutaux, au plus près de ses acteurs, de jeunes gens, de couples, de familles. Il le fait magnifiquement, toujours autour d’images fortes, et on peut penser à L’Enfant, revu durant le festival, dans lequel tout le projet semble se résumer à un instant : celui où Jérémie Rennier se retrouve face à un mur, à attendre que quelque chose se passe.

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Réflexion générale sur le fait de voir un film au cinéma

Lorsque je pense voir un film avec mes amis, mes parents, ou même seul, je m’imagine d’abord aller au cinéma, c’est à dire le lieu de projection de l’objet cinématographique. Le film y est projeté, mais n’est pas « Cinéma », du moins il ne définit pas ce qu’est le cinéma car le film existerait comme objet cinématographique, comme objet du Cinéma, qui ne dépendrait pas de son expérience en salle. Que l’on y aille pour voir la dernière superproduction hollywoodienne ou un film sélectionné lors du festival de la Rochelle, le cinéma me semble être le fait, pour le spectateur, d’accepter de se placer volontairement dans une situation de réception du film dans une salle, et ce, en compagnie d’autres spectateurs dans une situation similaire à la sienne.

La foule spectatrice ne moralise pas la création cinématographique qui lui est proposée, elle accepte l’œuvre, qu’importe sa qualité ou son ambiguïté. Il ne s’agit pas de refuser un film avec pour raison que ce dernier est un film de propagande, qu’il mette en évidence un schéma bourgeois, voire qu’il s’agisse du travail d’un réalisateur controversé, mais il s’agirait d’accepter une proposition lors de la projection, qu’importe ses caractéristiques, qu’importe son éthique.

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Concours de critique 2020 – Intégrez le jury de la prochaine édition du FFJL !

 

L’association LYF est fière d’ouvrir son troisième concours de critique, dont le lauréat ou la lauréate pourra intégrer le jury du prochain Festival du Film Jeune de Lyon.

Seule contrainte : votre critique, d’au maximum 500 mots, doit porter sur un film et sur le thème Planète et Cinéma.

Pour participez, envoyez vos critiques sur le site de l’association avant le 24 mai.

Cannes 2019 | La Ruche

À écouter durant la lecture :

Mai 2019. Entre les rayons timides du soleil et les rideaux de pluie, je faisais mon premier voyage vers le Festival International du Film de Cannes. Le soixante douzième. Je me suis assez vite rendue compte qu’être à Cannes, c’est vivre plusieurs nuits en une seule journée. La lumière s’éteint, les souffles ralentissent et la machine à rêve s’enclenche. Voir autant de films par jour donne l’occasion d’apprendre à aimer le cinéma. C’est à Cannes que l’on se rend compte que seul le cinéma peut réparer ce qu’il a lui même abîmé. Continuer la lecture de « Cannes 2019 | La Ruche »

Festival 24 | Yakuza Eiga – Quelle place pour le réel dans le cinéma de Yakuza ?

C’est la question que pose le réalisateur Yves Montmayeur dans son documentaire d’une heure dédiée à l’évolution de la figure du Yakuza au cinéma. Le film débute. À l’écran, des caractères rouges s’affichent et impose une distinction entre deux termes qui semblent si différents mais qui sont pourtant phonologiquement si semblables :

やくざ Yakuza

やくしゃ Yakusha, l’acteur

La question se pose alors. Où se situe la frontière du réel et du fantasmatique lorsqu’il s’agit de dépeindre à l’écran ces personnages emprunt de violence, mais qui fascinent pourtant tant la cinématographie de créateurs tels que Takashi Miike, Kinji Fukasaku et tant d’autres ? Montmayeur tente l’exercice de déplier une réponse en interrogeant à la fois les protagonistes du réel et ceux de l’écran. Continuer la lecture de « Festival 24 | Yakuza Eiga – Quelle place pour le réel dans le cinéma de Yakuza ? »

Festival 24 – Justice et Cinéma : retour d’un moment fort de la vie culturelle lyonnaise !

Il est de retour après plusieurs années d’absence : le Festival 24 – Justice et cinéma revient à la Manufacture des Tabacs et à l’Institut Lumière ! Si Jean-Luc Godard disait qu’avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout, alors le Festival 24 en est une parfaite illustration. Durant quatre jours, tous les pans de la justice et du droit seront traités à l’occasion de projections de documentaires, de fictions, de courts et de longs-métrages, de rencontres avec des professionnels du droit et du cinéma.

Des invités venus du monde du cinéma

Parmi les prestigieuses venues à l’occasion du Festival 24, citons celle de Rachid Bouchareb le mardi 12 mars, quatre fois nommés à l’Oscar du meilleur film étranger et Césarisé pour Indigènes (2007) avec Jamel Debbouze, Samy Naceri et Roschdy Zem. Rachid Bouchareb viendra en effet animer une masterclass à l’Université Lyon 3 – Jean Moulin avant de présenter London River (2010) et Seconds (1966, John Frankenheimer) à l’Institut Lumière. Par ailleurs, la clôture du Festival aura lieu le 14 mars en présence du producteur Matthieu Tarot, pour L’Hermine (2015, Christian Vincent), doublement primé à Venise, notamment pour l’extraordinaire prestation de Fabrice Luccini en président de Cour d’assise, solitaire et dur envers les autres.

Des documentaires en présence de professionnels et de leurs équipes

Citons parmi les présences exceptionnelle celle de Alain Jakubowicz, présent lors des procès de Barbie, Touvier et Papon, président d’honneur de la LICRA, à l’occasion d’une projection de Le Procès du Siècle (2017, Mick Jackson). Pan important du festival, la présentation de documentaires en présence de leurs réalisateurs. A Coeur d’Avocat de Mika Gianotti, Les accueillants de Sylvie Perrin, ou encore Yakuza Eiga, une histoire du cinéma Yakuza de Yves Montmayeur seront ainsi l’opportunité de débattre avec des spécialistes autour de thèmes aussi varier que le métier d’avocat, la situation des migrants ou des Yakuzas. Notons enfin la présence de Nando Dalla Chiesa, homme politique italien et spécialiste de la mafia, pour échanger autour du premier épisode de la série Gomorra (2014, Stefano Sollima).

Le Festival 24 – Justice et Cinéma est organisé par la Cinésium, la Faculté de Droit de l’Université Lyon 3 avec le soutien du barreau de Lyon, de l’École des Avocat Rhône-Alpes (EDARA), ainsi que l’association LYF – Le Film Jeune de Lyon.

Lien vers le programme complet

Yomeddine – Un retour aux sources dans l’Egypte d’aujourd’hui

Désert égyptien, plus précisément, la Montagne aux détritus. C’est là que travaille Beshay (Rady Gamal), lépreux guéri. Essayer de trouver des objets qui ont de la valeur dans ce tas de plastiques, c’est son quotidien, c’est ce qui lui permet de vivre. Ce pauvre homme au corps abîmé perd son épouse, « la folle » qui avait perdue la tête. Qui pourrait se souvenir de lui à sa mort ? Continuer la lecture de « Yomeddine – Un retour aux sources dans l’Egypte d’aujourd’hui »

Heureux comme Lazzaro – Sons, lumières et magie

Au premier abord, on ne saurait dire, lorsqu’on sort de la projection du dernier long-métrage d’Alice Rohrwacher, d’où émane cette forte impression de puissance captivante et mystérieuse que le film a laissé en nous. Peut-être est-ce parce qu’il remue en nous des souvenirs d’innocence perdue : le film rappelle la beauté des contes d’autrefois.

Il était une fois alors, en Italie, dans une campagne et dans un temps reculé, un groupe de paysans exploité par la Marquise de Luna. Esclaves, ils obéissent et ne se révoltent pas. Lazzaro, jeune homme simple d’esprit et profondément charitable, est à son tour exploité par les autres paysans. Puis, il rencontre Tancredi, le fils de la Marquise, avec qui il noue une amitié qui dépassera les frontières spatio-temporelles. Continuer la lecture de « Heureux comme Lazzaro – Sons, lumières et magie »

Le Grand Bain – Plonger pour garder la tête hors de l’eau

« Il ne faut pas oublier que, le jour du déluge, ceux qui savaient nager se noyèrent aussi. » – Ramon Gomez de la Serna

Un bassin de faïence remplit d’eau chlorée, sept acteurs désabusés, bedaines et bonnets. Lellouche signe avec Le Grand Bain l’histoire de sept anti-héros magnifiques et des femmes qui les aiment, qu’elles soient leurs épouses, leurs filles ou leurs coachs.

Le film entier semble être construit sur la dualité corps/parole. En effet, là où le discours peine à verbaliser un mal-être, le corps exulte et se libère. Une fois que le corps des acteurs reprend la pesanteur de la terre dans les vestiaires ou le sauna, l’ineffable finit par se formuler en groupe. Chaque personnage semble d’ailleurs être isolé en dehors du lien social créé par la piscine. Continuer la lecture de « Le Grand Bain – Plonger pour garder la tête hors de l’eau »

Lumière 2018 – Jane Fonda, actrice engagée

Le fait que Jane Fonda reçoive le prix Lumière était assez inattendu. On était loin des pronostics – et c’était une bien belle surprise. L’écho avec l’actualité est évident : Jane Fonda est une personnalité très engagée depuis longtemps, c’est une féministe reconnue et ses choix d’actrice-productrice en atteste. Ce sont pour certains des films majeurs et profondément bouleversants : il semblait indispensable de revenir sur quelques uns d’entre eux. Continuer la lecture de « Lumière 2018 – Jane Fonda, actrice engagée »