Alors qu’elle touche à sa fin, cette édition particulière du Festival d’Annecy laissera un goût amer pour beaucoup. Elle restera celle qui n’a pas eu lieu – pas réellement, en tout cas. Le choix courageux de mettre en place une solution numérique a permis malgré tout de découvrir la totalité des courts-métrages et quelques longs qui y auraient été montrés en temps normal… Il faut saluer l’exploit : ça a marché, ça a même très bien marché.
Parmi les courts-métrages, le triomphe du bulgare Theodore Ushev vient couronner un parcours exceptionnel. Sélectionné régulièrement à Annecy depuis les années 2000, son nouveau film Physique de la tristesse, dont il parlait déjà l’année dernière comme son projet le plus ambitieux, reçoit le prix de la critique internationale et le Cristal du court-métrage. Spectaculaire sur le plan visuel, Physique de la tristesse est en fait basé sur une technique jamais utilisée auparavant pour un film d’animation : l’encaustique. Il s’agit de diluer les couleurs dans de la cire d’abeille avant de s’en servir pour dessiner. Le rendu est étonnant et participe certainement à cette sensation puissante qui s’empare du spectateur pendant les presque trente minutes du film. On y perd facilement ses repères dans une structure narrative éclatée, mêlant les souvenirs – réels ou fantasmés, d’après ceux du roman dont s’inspire Ushev ou ceux du réalisateur. Une évocation mélancolique du temps, de la disparation, de la mort, du souvenir.
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